Biographie

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Guy Marineau naît en 1947 à Saint-Germain-en-Laye d’un père vendéen et d’une mère bretonne. A l’âge de trois ans, il est confié à une tante en Bretagne sur la presqu’île de Crozon en raison de légers problèmes de santé. Par la suite ses parents décident de quitter la région parisienne et la famille s’installe à Orthez, dans le Sud-Ouest.

Son éducation jésuite lui inculque des valeurs essentielles. Il s’intéresse au monde de l’image dès l’âge de dix ans et acquiert son premier boitier photo, décevant les projets de sa mère qui le voyait banquier. Il entre en apprentissage en 1963 dans une entreprise de photographie. Guy apprend pendant trois années l’art du portrait, de la photo de mariage et du reportage en tant que correspondant du journal Sud Ouest, la prise de vue à la chambre, le studio et le laboratoire. Les bases de la photo «de province» qui lui serviront tout au long de sa carrière.

Le service militaire reste une expérience fondatrice de sa vie comme de son métier : incorporé en mars 1967 au 57ème Régiment d’infanterie près de Bordeaux, il développe instantanément un don en tant que  sniper  et devient tireur d’élite au fusil de guerre. Il appliquera plus tard sa technique de tir à la photo de défilé.

En 1971, il quitte le Béarn pour monter à Paris. Descendu du train à 7 heures du matin, il décroche un job à 11 heures. Son premier entretien, concernant un poste au service photo d’identité judiciaire de la Préfecture, se déroule bien. Le second, auprès du grand groupe de presse Réalité, se déroule quant à lui à merveille. Il fait des tirages en noir et blanc dans leur laboratoire et est embauché sur le champ : une autre époque.

Le week-end, il parcourt la France pour des reportages photo personnels qu’il est autorisé à développer au labo. Son travail est remarqué et c’est ainsi qu’il se voit confier ses premiers reportages professionnels, notamment à Belfast où il manque de peu de mourir lors de l’explosion d’une voiture. Il couvre également la révolution des œillets à Lisbonne et se rend en Israël. Guy se fait peu à peu un nom.

Il sympathise avec un ancien photographe et ami de M. Saint Laurent, André Ostier, qui lui confie tous ses tirages noir et blanc. Guy découvre l’univers de la mode à travers ses images. En août 1975, une cliente lui parle d’un journal américain, le Women’s Wear Daily, qui recherche un photographe. Reçu par le rédacteur en chef du bureau de Paris, il est de nouveau embauché dans la foulée.

A l’annonce de son salaire, presque dix fois supérieur au précédent, il comprend qu’il vient de basculer dans un autre univers. Ignorant les noms des personnes influentes de la mode et du show business, il passe des heures à étudier, en autodidacte. Son premier reportage couvre l’avant-première du film Emmanuelle. Grâce à sa polyvalence, outre le reportage il est envoyé sur les défilés et pour couvrir les soirées mythiques du Palace ou des Bains Douches.

Ce nouveau métier lui plait immédiatement. Guy reconnaît avoir eu une chance inouïe en vivant l’âge d’or de sa profession, où les caisses de champagne étaient livrées à la rédaction en même temps que celles d’eau minérale, où tous les excès étaient permis. En un week-end à Deauville passé à l’hôtel de Claude Lelouch, 12 000 francs de notes de frais au minibar ne choquent personne… Descendre dans les plus grands établissements ne constitue pas un privilège, mais une consigne de la rédaction. Jamais cependant il ne se laisse sombrer dans une addiction quelconque ni ne perd le sens des valeurs, malgré seize heures de travail quotidien. Avant de s’endormir, il place une serviette de toilette de l’hôtel du jour au pied de son lit, afin de se remémorer où il se trouve au réveil. Changer de pays à plusieurs reprises en une semaine est classique.

Dès sa première rencontre avec M. Yves Saint Laurent, Pierre Bergé et leur équipe, les choses se déroulent aisément et naturellement dans un climat de confiance mutuelle et ce, tout au long de sa carrière. Guy sera leur photographe pendant plus de trente ans, tant pour les défilés ou mondanités qu’à l’occasion des séances de photo plus intimes, notamment chez M. Saint Laurent à Marrakech.

Il aura le même ressenti en travaillant pour Christian Lacroix et Valentino, et toujours sur plusieurs décennies. Dans un milieu des plus versatiles, des collaborations aussi fidèles, des relations aussi privilégiées sont plus que notables.

Guy revendique son statut de précurseur concernant l’usage du téléobjectif. Dès 1979, il se place ainsi équipé tout au bout du podium et réalise des clichés des modèles non-parasités par le public. Une technique instantanément copiée et toujours inégalée.

Un lundi matin de 1985, il constate que les serrures de son bureau ont été changées. Il en savait un peu trop sur la vie privée d’une collaboratrice importante : les inconvénients du métier, où les limites entre vies professionnelles et personnelles se voient ultra-réduites.

Le lendemain, coup de fil du Vogue américain. Avant d’accepter l’offre, il s’enquiert de l’avenir de leur photographe d’alors. Hors de question de prendre sa place. On lui répond qu’il n’est plus dans la course depuis trop longtemps déjà, qu’il est devenu « incontrôlable ». Guy téléphone au photographe en question qui lui annonce sans ironie : « Vas-y. De toute manière, je suis foutu. »

Chez Vogue, aidé de deux assistants, Guy couvre 90 % des défilés. Sa vie qui se déroule désormais entre Paris, New York et Milan, devient plus reposante. Son affection envers M. Saint Laurent demeure indéfectible.

En 2000, l’arrivée de la photo numérique change la donne. Il tente à plusieurs reprises de convaincre le directeur artistique du Vogue US d’abandonner le film, se fait doubler par un autre photographe et perd son emploi.

Guy considère que cette nouvelle technologie a tué le métier : avec elle, on n’a plus besoin d’assistants, on licencie à tour de bras. Triste constat. De 325 photographes de défilés accrédités en 1985 en France, on est aujourd’hui passé à une soixantaine, sous contrats avec des groupes financiers. Toutes les photos de défilés désormais se ressemblent.

Désormais observateur du métier qu’il a tant aimé, Guy se replonge avec bonheur dans ses archives qu’il entend faire découvrir au grand public. Il est conscient d’avoir mené une carrière que beaucoup pourraient lui envier. Au delà de « faire des images », ce métier lui a permis de partager des moments forts et humainement enrichissants avec la plupart de ses modèles.

S’il avait persévéré pour intégrer le service photo de l’identité judiciaire en 1971, Guy disposerait aujourd’hui d’une « belle collection de photos de cadavres ». Il ne cache pas son soulagement de l’avoir troquée pour une collection pléthorique de « photos de belles femmes ».

© Camille Salmon 2015

Toutes les photos présentées sur ce site sont disponibles à l’achat. Pour toute demande de tirage en haute définition, contactez-nous.

7 commentaires

  1. Wonderful story! I hope your artwork of photography continues for many more years. The visual record of fashion and beauty is essential. Une histoire merveilleuse! J’espère que votre illustration de la photographie se poursuit pendant plusieurs années. L’enregistrement visuel de la mode et de la beauté est essentiel. (translation via translate.google.com)

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  2. Bonjour,
    je suis journaliste pour l’agence CAPA.
    Je prépare un documentaire sur le monde du mannequinat et je suis très intéressé par vos photos.
    Pourrions nous discuter rapidement ?
    Bien à vous,
    Charlie Duplan.

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